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Basilie,  » Un autre regard »

Et si, la communication était la clé ?

Si vous tapez le mot « aidant » dans une barre de recherche, vous trouverez majoritairement sur des images de femmes adultes aidant une personne âgée. Comme si, la situation d’aidance se résumait à une femme adulte-aidante et une personne âgée-aidée.

En postulant qu’internet est le reflet, au moins partiel, de notre environnement social, nous ne pouvons être surpris par le fait que plus de 95% des étudiants interrogés dans notre étude[1] ne savent pas ce qu’est un « aidant ». Au-delà de savoir définir le rôle d’aidant, ces mêmes jeunes n’ont pas, ou très peu, conscience qu’il peut exister d’autres formes d’aidance les concernant directement : être « jeune aidant ». Avec 80% des étudiants interrogés ne sachant pas ce qu’est un « jeune aidant », nous pouvons nous demander comment est-ce qu’un jeune qui se retrouve en situation d’aidance pourrait s’identifier comme étant aidant ?

Pourtant, s’identifier comme étant aidant peut permettre au jeune de donner un sens à la situation qu’il est en train de vivre et de mieux comprendre le rôle qu’il peut et veut y jouer. Quand nous interrogeons des jeunes adultes aidants, il peut ressortir un besoin de parler de leur situation d’aidance, mais également de ce qu’il y a autour, c’est-à-dire de ses prémisses et de ses conséquences. Parler de la situation d’aidance implique de parler de l’aidé : sa maladie, son handicap ou des raisons de sa perte d’autonomie. Pour s’identifier comme étant aidant, il faut en prendre conscience et avoir été en mesure de comprendre ce dont souffre le proche et en quoi cela impacte notre quotidien et notre relation avec lui. La communication sur et autour de l’aidance est donc la clé vers l’identification et l’appropriation du rôle d’aidant. Cette communication peut aussi bien avoir lieu avec la famille qu’avec les professionnels de santé, les amis et l’aidé ; n’oublions pas que l’aidance implique un aidé et un aidant. Les professionnels de santé jouent un rôle essentiel dans la compréhension de la maladie, du handicap ou de la perte d’autonomie et de ses conséquences. Pour autant, est-il toujours évident de parler ?

Le besoin de communiquer et de comprendre la situation d’aidance peut se heurter à l’incompréhension des interlocuteurs et à une peur de la stigmatisation. Parler de soi et de ce que nous vivons n’est pas toujours évident. Cela l’est encore moins quand la personne en face de vous n’est pas à même de comprendre ce que vous souhaitez partager ; et comment pourrait-elle l’être ? Cette incompréhension peut aboutir à un repli sur soi et à un isolement social. Pour éviter cela, les jeunes peuvent préférer se tourner vers des pairs vivant la même situation qu’eux. Partager son expérience, aussi unique soit-elle, avec des personnes en mesure de la comprendre permet de mieux la vivre. Et si, un blog par et pour les jeunes adultes aidants était la clé ?

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Basilie Chevrier, Maître de conférences en psychologie différentielle, Centre PsyClé, Aix-Marseille Université

[1] Une enquête réalisée par l’équipe JAID – Recherche sur les jeunes aidants sur la connaissance des termes « jeune aidant » et « aidant » auprès de 110 étudiants franciliens. Voir Chevrier et al. (2022)

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Manon

La charge émotionnelle...

Basilie « Un autre regard »

Un bénéfice de l’aidance ? Il est facile d’imaginer le fardeau de l’aidance dans le quotidien des jeunes. Aider quelqu’un, cela prend du temps et de l’énergie. Pour autant, n’est-il pas envisageable que cette aidance constitue une expérience positive ? Dans la littérature, les conséquences négatives de cette dernière sont largement étudiées et reportées. L’aidance est, entre autres, associée à une moins bonne santé mentale et physique, une moins bonne qualité de vie et une restriction des opportunités d’études et d’emploi. Pour autant, l’aidance peut également être décrite comme gratifiante et apportant des bénéfices émotionnels et psychologiques pour l’aidant comme pour le proche aidé. Être aidant, c’est avoir un ensemble de responsabilités qui conduisent le jeune à développer des compétences et des stratégies pour faire face aux situations complexes qu’il rencontre et ainsi être en mesure de gérer les « crises ». Il développe donc une forte résilience, c’est-à-dire une capacité à surmonter les événements douloureux ou traumatiques, ainsi qu’une capacité à faire face aux défis qu’il rencontre. Être jeune adulte aidant conduit également à développer des compétences qui sont nécessaires pour devenir un adulte autonome comme savoir gérer son domicile, cuisiner ou encore gérer les formalités administratives. De plus, comme ces jeunes peuvent s’occuper de certains soins personnels (par exemple, administration de médicaments, aide à la toilette, aide à l’habillage), ils développent un sentiment de compétence et d’efficacité en leur capacité de prendre soin de l’autre. Ainsi, ils ont le sentiment d’être capables de prendre soin de l’aidé comme d’eux-mêmes. Le rôle d’aidant va aussi permettre le développement de compétences psychosociales comme l’empathie, l’écoute et la compréhension. Les jeunes adultes aidants sont plus sensibles et respectueux, et donc moins enclins au jugement que les autres jeunes. Ils présentent également une maturité émotionnelle plus importante. L’aidance pourrait contribuer à une perception de soi positive du fait des compétences développées et du sentiment d’efficacité perçu vis-à-vis des événements de vie qu’ils rencontrent. Et si, être aidant c’était une compétence à valoriser sur son CV ?

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